Prairie Comprendre et gérer la fertilisation azotée des mélanges multi-espèces
Comment récolter des tonnes d'herbe riches en protéines de façon économe ? Les prairies multi-espèces offrent cette opportunité, à condition de bien gérer leur fertilisation azotée. Explications d'Arvalis-Institut du végétal.
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« Si une association comprend deux espèces (une graminée + une légumineuse), la prairie multi-espèces en comporte au minimum trois de deux familles différentes », rappelle Anthony Uijttewaal d'Arvalis-Institut du végétal, à l'occasion d'un webinaire dédié aux prairies multi-espèces.
Le principe repose sur la complémentarité via la fixation d'azote atmosphérique des légumineuses et l'assimilation d'azote du sol du côté des graminées. « Cela permet de réduire -voire de ne pas utiliser- les engrais azotés, tout en produisant des protéines et des fourrages plus équilibrés. »
Toutes les légumineuses ne se valent pas
« Toutes les légumineuses n'ont pas la même capacité à nourrir la graminée compagne », explique l'expert qui classe les trois plus importantes :
- Trèfle blanc : apporte 40 à 60 % de l'azote contenu dans la graminée compagne
- Trèfle violet : 30 à 50 %
- Luzerne : 10 à 40 %.
« Pour raisonner la fertilisation de la prairie multi-espèces, on se base sur des observations en année N pour prévoir la fertilisation en année N+1 :
- Si < 10 % de trèfle au printemps : on considère que l'apport d'azote par la légumineuse est nulle.
- Si entre 10 et 30 % de trèfle au printemps : N légumineuse (kg N/ha) = biomasse (kg MS/ha) x % trèfle x 3,5 (soit le teneur en azote du trèfle en %) x 0,9 (le taux de fixation) x 1,3 (facteur de correction spécifique au trèfle blanc)
- Si > 30 % de trèfle en juin : le transfert d'azote des légumineuses aux graminées suffit pour satisfaire les besoins de celles-ci. Un apport maximum de 50 kg N/ha en sortie d'hiver est alors préconisé pour relancer la production. »
D'une année sur l'autre, les fournitures d'azote sont variables. En première année, ils sont notamment jugés négligeables et s'intensifient en deuxième année (surtout concernant le trèfle blanc), pour atteindre un transfert maximal en troisième année. Anthony complète : « Il y a aussi une désynchronisation entre les besoins des graminées et la fourniture par les légumineuses en sortie d'hiver. Aussi, le mode d'exploitation de la praire joue un rôle sur ces transferts d'azote : le pâturage étant plus favorable que la fauche. »
Récolter des prairies multi-espèces économes
Arvalis a conduit un essai de prairie multi-espèces sur la ferme expérimentale des Brodes (36). La prairie composée à 56 % de graminées (4 kg/ha dactyle, 5 kg/ha fétuque élevée, 5 kg/ha ray-grass anglais) et 44 % de légumineuses (10 kg/ha luzerne et 5 kg/ha trèfle violet), a été implantée en août 2017 pour trois ans dans un sol limon argileux-sableux. Elle a été exploitée en fauche.
L'objectif de l'expérimentation : jouer sur l'apport azoté et en évaluer les réponses d'un point de vue technico-économique, selon deux stratégies :
- Apport d'N en 1ère année puis 60 kg N/ha en années 2 et 3
- Apport d'N à partir de l'année 2 seulement, puis 60 kg N/ha en année 3
Doses d'azote pour les 2 stratégies | 200°C jour | 400°C jour | Après C1 |
Modalités | Témoin non fertilisé | ||
30 kg N/ha | 0 | ||
30 | 30 | ||
45 | 45 | ||
60 | 60 | ||
90 | 90 | ||
60 |
« L'apport d'azote en première année n'a pas eu d'effet notable sur le rendement, mais il a fait baisser le taux de légumineuses à partir de la modalité 2x45 unités d'azote », présente Carole Gigot d'Arvalis. « Il faut donc vérifier l'implantation des légumineuses avant d'envisager cet apport et attendre la deuxième année si elles sont mal implantées », recommande-t-elle. L'idéal est alors d'apporter entre 60 et 90 kg N/ha en deux fois : « Le fait de re-fertiliser après la première coupe fait diminuer le taux de légumineuses (tout en restant sur des valeurs très satisfaisantes), mais cela permet surtout d'augmenter le rendement grâce aux graminées. » Quant au test de l'apport unique d'azote à 400°C jour -visant à favoriser les légumineuses, il n'a pas porté ses fruits.
Et les résultats techniques tiennent la route du côté économique. Les modalités qui tirent leur épingle du jeu en termes de coût à la tonne de MS produite sont :
- La fertilisation en N1 en 2x30 U d'N
- La fertilisation en N1 en 2x45 U d'N
- La fertilisation en N2 en 2x30 U d'N
- La fertilisation en N2 en 2x45 U d'N
- La fertilisation en N2 en 2x60 U d'N (modalité qui a produit le plus sur les trois années d'essai).
Ces données ont été présentées dans le webinaire « Comment gérer la fertilisation azotée des prairies multi-espèces ? ». Retrouvez tous les détails dans le replay ci-dessous :
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